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Publié le par Emmanne

Chaque année en France, on dénombre environ 600 000 décès (CREDOC, 2019). 2,3 millions de personnes se retrouvent ainsi confrontées au deuil et à ses conséquences. À ce titre, on estime approximativement qu’une personne décédée en endeuille quatre. Le deuil est plus fréquent chez les 45-54 ans (48 %), cette catégorie représentant l’âge auquel généralement le décès des parents survient. Cela peut avoir un impact sur l’activité professionnelle, entraînant un arrêt de travail d’une semaine (42 %), à plus d’un mois (29 %). Après un an, seuls 16 % des endeuillés déclarent avoir terminé leur deuil ; le processus de deuil pourrait donc, contrairement aux idées reçues, durer plus d’un an (CREDOC, 2019). Étymologiquement, le mot deuil vient du latin dolus et par extension de dolore (souffrir). Ce terme n’a donc, initialement, pas de référence spécifique à la mort, mais évoque plutôt la douleur liée au chagrin et à la souffrance de l’âme. La langue anglaise comporte un vocable plus riche qui permet de décliner les diverses notions que recouvre le deuil.

Aussi, existe-t-il trois termes bien distincts (mais souvent interchangeables dans la littérature scientifique) renvoyant au terme unique français de « deuil » :

bereavement traduisant la perte elle-même, la perte effective,

grief qui renvoie à l’idée de chagrin et de douleur – dimension affective de la perte

– et enfin, le terme de mourning qui fait plutôt référence au processus du deuil, c’est-à-dire aux réactions psychologiques et/ou comportementales qui suivent la perte…

« Le deuil est régulièrement la réaction à la perte d’une personne aimée ou d’une abstraction mise à sa place, la patrie, la liberté, un idéal etc. Il est très remarquable qu’il ne nous vienne jamais à l’idée de considérer le deuil comme un état pathologique et d’en confier le traitement à un médecin, bien qu’il s’écarte sérieusement du comportement normal. Nous comptons bien qu’il sera surmonté après un certain laps de temps, et nous considérons qu’il serait inopportun et même nuisible de le perturber ».
C’est ce qu’écrit Freud en 1915 dans Deuil et Mélancolie. Ainsi, le deuil ne concerne pas seulement la mort d’un proche, mais plus largement la perte.

Comme l’explique Melanie Klein (1940) : « Le deuil est une maladie normale ». La perte est généralement suivie d’une période de crise, de choc, de traumatisme, de déséquilibre, qui confine parfois à la maladie. Sauf que le deuil habituel (si tant est qu’il existe !), celui que l’on peut qualifier de « normal », n’est pas l’affaire des médecins ou des psychologues ; il est l’affaire de tous, sans doute parce qu’il nous concerne tous.
Mais lorsque des complications ou des pathologies apparaissent, c’est aux spécialistes de la santé psychique d’intervenir. Sans doute, d’ailleurs, serait-il préférable de parler des deuils, plutôt que du deuil, car chacun est différent du fait qu’il découle fondamentalement de la nature de la relation qui unissait, unit encore et unira toujours la personne aimée qui n’est plus, à celle qui se trouve maintenant en deuil…

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