Peu envie.

Je me traine un peu...j'ai pas beaucoup envie...

C'est normal...j'ai rarement vraiment envie... mon élan vital est quelque peu flétri...Le deuil dessèche, assèche, racornit,limite, étouffe...

Ma vie est un pruneau, non, plutôt une poignée de raisins secs.

Je me regarde me débattre avec cette retraite...résister à l'envie de remplir à ras bord les heures et les semaines...

Je me regarde me débattre avec ce dossier de prêt immobilier.

Je me regarde affrontant le vide d'une vie sans travail .

Je me regarde décaler chaque jour un peu plus mon heure de coucher.Et chaque matin de midi prendre une bonne résolution...Jamais tenue...Ma journée utile rétrécit à vue d’œil.

Je ne me regarde plus souffrir de la mort de ma fille.Elle semble s'enkyster, cette douleur...A force de faire semblant ,c'est devenu une seconde nature...Le mode survie est bien ancré .

Cette carapace se fissure parfois...comme cet après midi, anniversaire du N 4, 8 ans.

Le compagnon de ma fille est venu,avec sa compagne et  avec le bébé, qui a 2 mois et le grand frère qui est un peu agité... et je me dis que ça aurait dû être la famille d'Emmanuelle, si seulement... et je m’empêche de continuer à penser sur ce chemin...inutilement douloureux...d'imaginer une vie où Elle ne serait pas morte...

Mais je suis redevenue un peu plus capable faire la conversation, de m’intéresser aux autres, de poser des questions, de rebondir ... Il ne faut pas que ça dure trop longtemps...mais je suis contente d'avoir récupéré cette faculté de socialiser .

Toujours autant besoin d'alterner moments de solitude et moments de rencontres humaines.

Je suis passée d'un 200% à penser et ressentir l'absence et l'Absente si prensete dans son absence......avec de légers pointillés de menus moments moins centrés sur la mort et le chagrin. La proportion s'est totalement inversée, sans jamais revenir à l'état d'avant ce drame...Du coup, je finis par être surprise par la flambée de chagrin qui survient de temps en temps...