10 lignes et primevères.
Finalement j'ai pas rapatrié ici mes 10 lignes de texte quotidien sur le confinement, je me suis dit que vous vous en moqueriez comme de votre première chaussette...Journal de confinement sans intérêt autre que pour moi ,en garder une trace et pour l'équipe de l'étude de l'INSERM, comprendre ce qui se joue dans la tête des confinés au plan psychologique.
Aussi parceque il y a dedans bien sûr de la mort, du deuil et de l'angoisse de mort...mais vraiment reliable à la mort d'Emmanuelle et que ce blog parle d'elle à travers moi.
Je crois que j'évite de trop penser à elle, de trop me laisser emporter par les émotions ... je me snes trop fragile pour y resister, en cette période de peurs...
En rangeant ma bibliothèque j'ai retrouvé des petites bricoles liées à Elle et 2 carnets où j'avais consigné les rares souvenirs avec elle,j'ai nettoyé ses photos et leur cadre.Vais je toutes les remettre?
J'ai rangé dans une boite les choses appartenant à son père. il est mort 8avril, mon fils va mal en ces jours de compte à rebours, son père lui manque.Sa mort m’attriste mais ne me bouleverse pas.
J'ai retrouvé un dessin que ma mère m'avait donné; mon père jeune , quand ils s'aimaient.Ah oui, c'est vrai j'ai toujours pas fait le deuil de mon père...celui de ma fille prend encore et toujours toute la place .Christophe Fauré dirait que le processus de cicatrisation se fait quand même, malgré moi.On va y croire que ça ne m'explosera pas à la figure à l'occasion d'un autre décès...
Face à un nouveau week end de confinement, le début des vacances confinées, le vide est puissant , alors j'écris.
610 000 morts par an en France...50 000 par mois...et quand c'est un proche essentiel, c'est la tragédie.Je pense à ceux qui vivent cela en cette période d'enfermement ...sans pouvoir les voir, les accompagner, sans entourage pour amortir le choc...Je pense aux mises immédiates en cercueils pour les morts du COVID 19... à la somme de chagrin rajouté en ce moment et je me sens impuissante,inquiète.
La mort occupe l'espace, .L'angoisse de mort rode.
Nos hommages à Emmanuelle du 6 et 7 mars derniers me semblent à des années lumière..., seule.un autre temps,n une autre vie.. dont je peine à me rappeler.La sidération tétanisée, l'incrédulité, l'angoisse rampante, l'avenir bouché... tout me ramène aux débuts de mon deuil...j'ai déjà expérimenté ces émotions ou pensées, avec une intensité démultipliée.
Je suis en apnée, j'attends... je déteste ça.
Je sors marcher chaque jour; un peu de soleil c'est bon pour le moral.. et un petit bouquet de primevères dans un terrain vague,c'est le printemps malgré le confinement. Fleurir de nouveau mon petit autel à Manue, ça fait du bien aussi.