Il restera de toi...
Par temps de gros deuil, des fois, je pense ça:"Il restera de toi..."
et je ne peux pas aller plus loin... je bloque...
parce que je ne sais pas lui parler, à ma fille morte,tutoyer une morte est au-dessus de mes forces, parce que le temps est chaviré, parce que je sais qu'il ne restera rien d'Elle,à un moment; parce que le destin des mortes c'est d’être oubliées, parce que les souvenirs s'effacent, parceque le futur est impossible,parceque...
Il reste des photos, quelques vidéos, une paire de baskets, quelques objets,quelques habits,un sac à mains,des cours manuscrits de fac et d'EJE,
II reste une place vide, des souvenirs sépias,passés...qui s'estompent encore et encore...
Le mur de verre qui me sépare de ma fille-vivante est toujours dressé.In franchissable. J'envie les mamans qui se souviennent, elles...
Il me reste une béance...qui occupe les contours de sa vie avec moi, avec nous...Une absence en sous-couche.
Et c'est aussi un poème...lu partiellement aux obsèques de mon père.Pourquoi ce titre revient me hanter maintenant?
Il restera de toi…
Il restera de toi ce que tu as donné.
Au lieu de le garder dans des coffres rouillés.
Il restera de toi de ton jardin secret,
Une fleur oubliée qui ne s’est pas fanée.
Ce que tu as donné, en d’autres fleurira.
Celui qui perd sa vie, un jour la trouvera.
Il restera de toi ce que tu as offert
Entre les bras ouverts un matin au soleil.
Il restera de toi ce que tu as perdu
Que tu as attendu plus loin que les réveils,
Ce que tu as souffert, en d’autres revivra.
Celui qui perd sa vie, un jour la trouvera.
Il restera de toi une larme tombée,
Un sourire germé sur les yeux de ton coeur.
Il restera de toi ce que tu as semé
Que tu as partagé aux mendiants du bonheur.
Ce que tu as semé, en d’autres germera.
Celui qui perd sa vie, un jour la trouvera.