Faits divers et questions personnelles...LA VIE...LA MORT

Publié le par Emmanne

Quand l'actualité récente m'oblige à penser...à affronter des pensées douloureuses, des questions sans réponses...que j'évite de trop me poser... souffrance assurée...

Semaines riches en occasions de penser autrement la mort de ma fille...par un autre biais...avec les questions qui reviennent au devant de mon esprit , perturbant mes nuits...broyant mon coeur d'une sourde inquiétude...

Tout est confus... il n'y a pas de réponse évidente, de tout noir ou tout blanc,le camp du bien n'est pas évident...

L’accident et le coma de monsieur Schumacher...

la différence de traitement selon que l'on est célèbre ou pas...même hôpital pourtant ...

Si....la litanie des SI...si Elle avait eu les meilleurs neurologues à son chevet?La suite aurait été différente?La fin aurait elle été différente?

La sortie de coma

Il sort du coma, lui... pas Elle...pourquoi?

Oui mais dans quel état?Quelles séquelles?quelles souffrances? Pour lui, sa famille?

La question se pose de ce qui est préférable... la mort/ l'état végétatif/ les séquelles lourdes d'un long coma /l’état paucirelationnel?

Je ne "préfère" rien!!Je ne choisis rien... mais je me torture l'esprit à réfléchir quand même à toutes ces questions...

"On " me raconte des histoires ...vraies, vécues dans leur entourage...pour me prouver à quel point ça ravage une famille de s’occuper d'un proche très très handicapé par un trauma crânien grave...que la mort est préférable au calvaire de 30 ans de cette maman au chevet de sa fille,sans relation...que c'est noble de laisser partir son enfant que c'est mieux pour elle.... que finir par vouloir la mort de son enfant en le voyant souffrir atrocement est encore pire...

OK... mais la mort c'est archi définitif...il ne reste rien...

Oui mais la Vie laisse toujours un espoir...tant qu'il y a de la vie, il y a de la vie...de la relation,et elle peut valoir le coup d’être vécue, même diminué...même handicapé, même différent...Quelles limites fixer, se fixer?Au nom de quoi?De quels principes?

En fait:Je veux ma fille, vivante, elle, semblable à elle même...ma fille d'avant... avant le drame...encore maintenant, je veux ça...

Ça doit vouloir dire que je suis encore bien loin d'accepter...c'est comme ça...

Laisser mourir , aider à mourir ou faire mourir?

Vincent Lambert...condamné à rester vivant, de quelle vie?Il y en a tant d'autres...

Il n'est pas en fin de vie.

Il a donné ses directives et refusait l'acharnement thérapeutique...Il est dans quel état réellement?végétatif,conscrience minimale, pauci-relationnel?Il ressent quoi, lui?Souffre t il?

et LA QUESTION: Est il conscient? Conscience minimale mais aucun code communication possible nous dit on.

Qui doit primer, l'avis de la personne, l'avis des parents, l'avis du conjoint, l'avis des médecins, de la justice?.Je peux me mettre à la place de la mère, à la place de l'épouse...Si c'était ma fille....?

Toute vie vaut elle la peine d’être vécue? Qui en décide?

Où commence la mort?Où finit la vie?Vivant et sans conscience ... quelle vie?Mais vivant.

Tuer quelqu'un est il possible? même avec son accord?Même par amour, par respect de la personne?

Laisser mourir de dénutrition et déshydratation est lent et douloureux?

Procès Bonnemaison

Acquitté...

il a administré, seul... des produits hâtant une mort en chemin...sur des personnes en toute fin de vie...soulageant, abrégeant une agonie qu'on peine à se représenter...

mais il n'a rien demandé aux familles...les privant du dernier temps des adieux...ni aux premiers concernés...

Qui doit décider?Comment? Quelle est la moins pire solution?

L'hypnovel devient le symbole de la sédation profonde terminale qui abrège la vie... mon père a reçu hypnovel et morphine , beaucoup... le dernier jour...

La vie à tous prix? Quelles valeurs peuvent lui être supérieures?

Et bien sûr, je ne vais pas au bout du raisonnement, au bout du questionnement...c'est trop insoutenable... c'est de ma fille qu'il s'agit, en filigrane derrière chaque question... sa vie , sa mort, les conditions de sa mort...j'esquive, j'évite ... avec brio... mais ça me rattrape toujours...

Publié dans Blog de Deuil

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C
&quot;La mort c'est archi-définitif, il ne reste rien&quot;.<br /> Non, cent fois non. Les traces laissées, l'héritage laissé, les souvenirs laissés, nos préoccupations actuelles et à venir ne sont pas rien. Quand je parle d'héritage, je veux dire : TOUT ce que notre disparu(e) nous a légué et qui a contribué à faire CE QUE NOUS SOMMES AUJOURD'HUI. <br /> Tu le sais, Anne, je m'intéresse aux EMI. Si certains scientifiques ont risqué des explications à ce phénomène, ils n'ont pas TOUT résolu, loin s'en faut. Par exemple, aucun n'a été capable de dire pourquoi on sort de son corps et on voit, on entend, comme quelqu'un qui s'élève dans la pièce, comme si &quot;la caméra&quot; se déplaçait au plafond.<br /> La mort n'est pas égale au zéro absolu. Que tu le ressentes ainsi, malheureusement on a tous été confrontés à cette même souffrance (&quot;il / elle n'est plus là, c'est pour toujours&quot;). Mais ça ne correspond pas à toutes les implications qui échoient à un être humain dès lors qu'il vient au monde. Il n'a pas pour vocation à devenir &quot;rien&quot;. Bien au contraire.<br /> Je ne peux que te prendre virtuellement la main trois ou quatre secondes lorsque tu as ces idées-là en tête, car je sais que ces douleurs qualifiées de &quot;morales&quot; sont en fait affreusement physiques, ce sont de vraies tortures. Je ne t'oublie pas, je n'oublie pas ta douleur, je n'oublie pas ta fille.
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