Une année de ma vie sans Elle, encore une.

Publié le par Emmanne

Une année de ma vie sans Elle, encore une.

"Vis ma vie de maman en deuil..." viens , j'organise une petite visite guidée à l'intérieur de ce qu'est ma vie..."

J'aimerai leur dire ça; à tous ceux qui me regardent comme une bête étrangère et étrange et détournent le regard et le cœur...Ils ne savent pas...si j'étais croyante je le leur pardonnerais...je me contente de leur en vouloir puis de me relever et de repartir à l'assaut d'une nouvelle journée .je sais que c'est pas facile non plus pour eux d'avoir une ombre d’elle-même dans son entourage...

Je change d’âge aujourd'hui...et ça contraste fortement avec son âge éternel, Emmanuelle aura toujours 24 ans..,. figée dans l'éternité de sa jeunesse fauchée.

J'ai la vie, le temps , elle a la mort et puis rien...J'ai la vie devant moi et le temps de faire encore de belles choses. J'ai une vie derrière moi et la violente nostalgie de ce qui a été et n'est plus, définitivement plus...

Lutter contre le temps qui s'écoule, indifférent... est une vaine vaine posture... je sais...

Me réjouir de vieillir sans Elle... est au dessus de mes forces.Je veux bien me réjouir de vieillir, c'est déjà un progrès...Mais sans Elle... je suis encore loin de l'accepter.

Les marques de sympathie en ce jour d'anniversaire, venant de ma famille et de quelques amis et aussi de quelques connaissances...me tirent des larmes matinales... Je ne voulais rien mais j'ai quand même leur chaleur humaine. Ça regonfle momentanément la pelure humaine desséchée que je me sens être parfois...en tous cas assez pour que je me remette à fonctionner, à être ...

Je ne suis jamais aussi seule que je le ressens...je sais.Je l'oublie au fond des heures noires.

Je ne voulais rien, mais mes enfants sont passés pour un goûter improvisé, malgré la grippe qui sévit chez eux... je suis touchée...m'occuper des petits me distrait du chagrin...le manque passe au second plan.Bon, après leur départ, je pleure toutes les larmes retenues depuis... un temps incalculable...

Les textos de Joyeux anniversaire... j'ai du mal...Gentille maladresse...pourtant...

LE texto qui me dit imaginer que c'est une journée qui fera remonter tant de souvenirs...d'essayer de garder les bons et de profiter de ma journée..a tout compris...Son chéri a tout compris. je pense qu'il est lui -même aux prises avec les souvenirs...souvenirs difficiles...malgré la nouvelle compagne qui est dans sa vie...

Les 2 amies qui osent m’appeler sont tout de suite immergées dans ma peine,ma lassitude et mes larmes sans paroles...elles savent , elles, le manque d'Emmanuelle pire ce jour là... elles me connaissent bien et m'aiment bien.Je comprends que les autres s'évitent une telle épreuve...je ne suis pas drôle...j'ai du mal à surjouer les mercis, la joie...

Toute ma vie , les dates anniversaires vont me démonter le cœur et la tête?Une bouffée de chagrin pire que les autres jours?Toujours?Un jour Elle manquera moins , vraiment moins?

J'ai retrouvé, aujourd’hui, des bibelots et autres figurines de dauphins de son adolescence... je vais les laver, les ranger, les mettre en carton et les donner, un jour.. à ses neveux et nièces, ils seront contents. Là, pour l'heure, moi, je suis triste.

2 lessives: une blanche pour le linge de maison, et une noire pour les habits de la semaine. Mon bac est vide.Je n'ai mis aucune couleur.A part du gris... même s'il est de plus en plus clair...lumineux, tendre... je crois que ce n'est pas une couleur, c'est juste du deuil dilué.En fait je vais mal et mon choix de vêtements s'en ressent .Je ne fais plus d'efforts pour éclaircir ma tenue, j'ai pas envie.Ça reviendra, je vais sortir de ce marasme de date...

Encore quelques heures et on sera demain.Je me remettrai lentement à vivre moins en douleur . Jusqu'à l’anniversaire de son frère définitivement plus vieux qu'elle.

Contempler toutes ses photos punaisées aux murs du salon, parce que sa soeur me demande si dans le nouvel appartement je les mettrai sous cadre , en pêle-mêle qu'elle se propose de m'acheter...Oui, c'est sûr, je vais devoir les décrocher... quand je vais quitter cet appartement... j'ai pas envie...je les ai accrochées à des moments si terribles de cette tragédie...ce moment où mon cerveau, croyant me protéger de trop de souffrance insensée... me disait que peut être je n'avais eu que 2 enfants,Emmanuelle n'avait peut être pas existé, que c'était donc inutile de tant souffrir...La folie n'était pas si loin de moi...Les photos de ma fille chérie me racontaient sa vie, son enfance et la légitimité de cette douleur infernale et surtout surtout ...elles me permettaient de verser quelques petites larmes...Je pleurais enfin ma fille.Je la pleure encore.Aujourd’hui , ce 10 encore plus.

Publié dans Blog de Deuil

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